L’écume des jours, Boris Vian
“- Prendras-tu un apéritif? demanda Colin. Mon pianocktail1 est achevé, tu pourrais l’essayer.
- Il marche ? demanda Chick.
- Parfaitement. J’ai eu du mal à le mettre au point, mais le résultat dépasse mes espérances. J’ai obtenu à partir de la Black and Tan Fantasy2 un mélange vraiment ahurissant.
— Quel est ton principe ? demanda Chick.
- A chaque note, dit Colin, je fais correspondre un alcool, une liqueur ou un aromate. La pédale forte correspond à l’œuf battu et la pédale faible à la glace. Pour l’eau de Seltz il faut un trille dans le registre aigu. Les quantités sont en raison directe de la durée : à la quadruple croche équivaut le seizième d’unité, à la noire 1 unité, à la ronde la quadruple unité.
Lorsqu’on joue un air lent, un système de registre est mis en action de façon que la chose ne soit pas augmentée, ce qui donnerait un cocktail trop abondant, mais la teneur en alcool.”
Colin aime Chloé. Mais le mal, symbolisé par un nénuphar qui grandit dans le poumon droit la tue lentement. Colin se ruine pour tenter de la guérir. Roman totalement décalé, où la mort des êtres parait insignifiante - je pense à l’épisode de la patinoire - mais où la disparition de l’être aimée prend une forme plutôt banale puisque que, comme monsieur tout le monde, Colin souffre.
Comme d’hab, Vian décrit un monde qu’on n’espère pas connaître un jour. Il donne un peu la nausée. Faut dire que je l’ai lu d’un trait dans le train.