Les liens qu’entretiennent ou que devraient entretenir les sciences cognitives avec les sciences de l’éducation.
Ces liens sont nombreux et réciproques. Comprendre comment l’éducation parvient à transformer le cerveau humain est l’un des grands problèmes ouverts en neurosciences cognitives, qui soulève de nombreuses questions passionnantes : comment les apprentissages scolaires (langues première et seconde, lecture, écriture, mathématiques) s’inscrivent-ils dans les circuits de notre cerveau ? Quels rôles respectifs jouent l’organisation précoce et la plasticité cérébrale dans ces modifications ? Pourquoi l’espèce humaine est-elle la seule qui parvienne à modifier ses représentations mentales et ses circuits cérébraux par le biais d’un enseignement explicite ? Les spécialistes de l’éducation, eux, attendent des sciences cognitives qu’elles les aident à répondre aux grands défis que pose l’éducation de masse au XXIe siècle : comment maximiser le potentiel de tous les enfants ? Quelles méthodes pédagogiques, quels principes d’organisation de la classe sont-ils les mieux à même de faciliter l’apprentissage pour tous, et ainsi de réduire les inégalités sociales qui sont particulièrement criantes dans notre pays ?
Chapitre 1 : L’intérêt pour l’enfant en pédagogie à travers l’histoire
Socrate, Platon, Rousseau, Montessori, Freinet, Decroly, Skyner,
Chapitre 2 : Sciences cognitives et sciences de l’éducation
Au Siècle des Lumières, déjà, le philosophe Julien Offray de La Mettrie, contemporain de Rousseau, dans L’Homme machine (1748) préconisait de considérer l’esprit comme une organisation sophistiquée de la matière dans le cerveau humain. A la même époque, les automates de Vaucanson.
Il ne faut pas se méprendre sur le caractère matérialiste et prétendument réductionniste qu’incarne l’approche neuroscientifique de l’apprentissage.
avec l’imagerie cérébrale ce que l’on découvre est la structure et le fonctionnement du cerveau qui apprend. Or ce cerveau “théâtre de l’éducation” lieu de toute synthèse individuelle ou collective, est l’angle mort de l’éducation nationale.
Il existe déjà dans le cerveau du bébé des capacités cognitives assez élaborées (des algorithmes ou règles) c’est à dire des connaissances proto-physiques (arithmétiques, statistiques) proto-logiques et psychologiques(sens social et moral, théorie de l’esprit), insoupçonnés de Piaget et non réductibles à un fonctionnement de niveau 1 strictement sensori-moteur.
Dans le cerveau de chaque enfant ou adulte, des heuristiques très rapides et intuitives ou biais cognitifs et des règles logiques ou algorithmiques dits “exacts” peuvent entrer en compétition à tout moment (avant d’agir ou de prendre une décision) . C’est ce qu’on appelle des conflits cognitifs.
Pour dépasser ces conflits, l’adaptation de l’ensemble du cerveau, c’est à dire l’intelligence ou la flexibilité, dépend de la capacité de contrôle du cortex préfrontal, en lien avec les émotions et les sentiments. Inhiber, c’est apprendre à résister. C’est utile tant pour les enfants que pour les adultes car ces derniers restent encore de mauvais raisonneurs dans beaucoup de situation où leur pensée intuitive (ou automatique) domine inconsciemment. Et là on rejoint la question de la pleine conscience. L’utilisation de macro-connaissance sur le fonctionnement de la pensée ou des connaissances en mémoire à long terme pour traiter et raisonner.
Le cerveau dit “exécutif” dépend de la maturation lente du cortex préfrontal. Ce lobe antérieur du cerveau est le dernier à parvenir à maturation.
Il existe dans notre environnement de nombreuses situations où la longueur et le nombre sont souvent dépendant, les sens visuospaciaux permettent de fixer ce rapport, c’est ainsi que ce crée l’heuristique. L’heuristique set une stratégie de réponse rapide et efficace qui marche souvent mais pas toujours. (Même principe avec le s qui marque le pluriel).
La dyslexie est un trouble phonologique d’origine génético-biologique.
Il ne fait plus de doute aujourd’hui, au regard des travaux de Damasio, que l’émotion individuelle ou collective, de préférence positive (la peur étant néfaste à l’apprentissage), liée à l’engagement actif, à la curiosité, au retour d’information et à la correction des erreurs, est un très bon guide de l’intelligence dans le cerveau.
Les professeurs ne doivent donc pas seulement enseigner les mathématiques, le français, l’histoire, géographie, mais aussi être des « professeurs (ou incitateurs) d’émotions », au sens de leur éveil constant chez les enfants lors des apprentissages scolaires. C’est ce que, dans le monde de l’éducation, on appelle d’un terme générique la « motivation ». Tant les neurosciences affectives, sous l’impulsion de Damasio, que l’éducation nouvelle depuis un siècle invitent à ce que l’émotion soit au centre de la classe et des apprentissages car elle est au centre du cerveau et du corps. L’homéostasie, au sens de Damasio (du corps à l’esprit), n’est pas seulement un concept de biologie, mais aussi un concept à apprendre – et à ne jamais oublier – en sciences de l’éducation et dans la formation des professeurs des écoles.
La question du contrôle cognitif ne concerne pas seulement les apprentissages scolaires classiques, tels que lire, écrire, compter, penser ou raisonner (dans les exemples précédents), mais aussi le contrôle de soi pour la tolérance et la paix.