Archive pour la catégorie ‘Philosophie’

Apocalypse cognitive, Gérard Bronner

Dimanche 13 novembre 2022

La plupart des informations que nous traitons le sont inconsciemment. [A mettre en lien avec l’ouvrage “penser vite ou penser bien” ; c’est à dire laisser les émotions et les réflexes dominer ou raisonner (faire fonctionner le cortex préfrontal), faire des efforts pour mesures les conséquences]

Le cortex fronto-pariétal cingulaire en particulier, est convoqué dans le traitement conscient et cela ne se fait pas sans coût d’énergie. L’idée même d’une énergie mentale n’a rien de métaphorique. Elle doit être rapportée à la consommation de glucose dont notre système nerveux est friand : aucun autre organe humain n’en consomme autant. 

Notre cerveau est un ladre (au sens grigou, lésineur). Il veut souvent obtenir le maximum en dépensant le minimum.

La réduction de l’incertitude et le besoin de routine deux impératifs de notre fonctionnement cognitif mais parallèlement un goût pour l’exploration du possible, le désir de surprise et l’appétit pour l’imprévu. 

Les pulsions et le narcissisme sont des comportements qui découlent de notre fonctionnement hormonal. Les réseaux sociaux favorisent ces comportements, ou plutôt ils en sont la conséquence. En cela, ils polarisent les opinions et fragilisent la démocratie. 

L’utilisation de Facebook peut créer beaucoup de frustration et de jalousie.

C’est un espace d’exhibition où chacun a tendance à se mettre en scène pour donner un aperçu flatteur de sa vie et à se comparer. Cela peut créer un sentiment d’insatisfaction chez les témoins de cette exhibition. Le narcissisme des autres blesse toujours un peu le nôtre. Cette situation révèle quelque chose de profond sur l’identité sociale de notre espèce sociale. Elle dévoile le difficile équilibre entre la volonté d’être différent de nos congénères mais pas au point de ne pas être intégrés parmi eux, comme le montre tous les phénomènes de mode. 

Les informations égocentrées stimulent notre gyrus temporal supérieur, une zone du cerveau dévolue à ce type d’information. C’est la même zone du cerveau qui s’active quand notre prénom est prononcé ou quand toute sorte d’information nous convoque personnellement : “exemple Que dit votre signe astrologique ? Quel personnage de roman êtes-vous ?” 

Le bonheur tient moins à ce que nous possédons objectivement qu’aux avantages que nous croyons avoir sur les autres.  (exemple de la note 12/20, satisfaction ou non en fonction de la moyenne de la classe). 

Notre aptitude au bonheur dépend de la disgrâce des autres.

Le sentiment d’accomplissement (qui se mesure en se comparant aux autres) paraît favoriser la bonne santé. Il aurait un effet positif sur le système immunitaire. 

La métrique des réseaux sociaux indiquent l’intérêt positif que vous prêtent les autres. Cela produit une décharge de dopamine qui ressemble à une forme de bonheur. 

Le terme d’apocalypse doit être pris au sens de révélation. La révélation des grands invariants de l’espèce humaine, de son fonctionnement cognitif et social, la révélation de ce que nous sommes réellement. [des glandes endocriniennes].

 Le fait que notre cerveau soit attentif à une information égocentrée, liée à la sexualité ou à la peur. [En fait, tout ce qui nous renforce dans notre existence.]

L’existence même d’un espace d’échanges entre les individus (réseaux sociaux) est la conséquence directe de la nature sociale de notre espèce. [tout ça résonne avec le striatum].   

Une partie du marché cognitif s’est organisée pour stimuler des attentes profondément implémentées dans notre cerveau en jouant sur les réseaux de production de dopamine.

Il faut distinguer la recherche du plaisir de la recherche du bonheur. Si le premier dépend directement de la production de dopamine, le second dépend lui de la sérotonine

Nombre d’offres et de stimulations de notre environnement social convoquent la recherche du plaisir à court terme de notre cerveau. 

L’utilisation [le captage] de notre trésor attentionnel (pour répondre à notre appétence de jouissance à court terme) est la question la plus politique et la plus déterminante qui soit. 

[Incompétence, méconnaissance, besoin de reconnaissance, aculture et crédulité associés aujourd’hui à la capacité de diffuser, de devenir éditeur d’informations ou d’événements faux (des infox qui peuvent paraître vraisemblables) conduisent à la montée de croyances loufoques qui entretiennent des rapports avérés avec l’extrémisme politique ou religieux]

Quand l’offre informationnelle rencontre la demande (ce qui est attendu des lecteurs non avertis), cela vient renforcer les croyances et le sentiment d’appartenance. 

La première impression a tendance à perdurer en matière d’information notamment sur un terrain de connaissances vierge ou peu étayées offrant peu de matière à comparer. 

La voracité du cerveau et les injonctions de la visibilité sociale ne nous conduisent pas vers le rationnel.

La réalité, c’est ce qui continue d’exister quand on cesse d’y croire.

Où est le sens, Sébastien Bohler

Samedi 15 janvier 2022

 Les animaux, (nous en faisons partie), captent des informations dans leur environnement et utilisent ces informations pour vivre. La machine qui leur permet d’exploiter les informations sur leur environnement pour guider leurs actions dans un but de survie s’appelle le cerveau.

Nous passons notre temps à former des attentes sur ce qui va se produire.

Le cortex cingulaire tire le signal d’alarme.

ESi trop de prédictions sont invalidées , il devient difficile de s’organiser et on a l’impression de basculer dans le chaos.

Le besoin d’appartenance est un rempart qui nous protège de l’incertitude. Ce sentiment ne peut pas se passer de rituels. Il donne un sens à l’action collective. Il permet d’accepter des sacrifices.

Les personnes promptes à l’émerveillement possède un cortex cingulaire plus petit moins actif que la moyenne (étude scientifique par IRM) comme si les emotions d’émerveillement qu’elles éprouvent maintenaient cette structure cérébrale au repos.

Le cerveau lutte contre l’entropie*. Il cherche à réduire le degré de désordre dans son environnement. Créer des récits de sens qui organisent le monde est un moyen de réduire l’incertitude et le désordre et rassurer le cortex cingulaire.

Le rituel apaise l’angoisse que cause la rencontre de l’inconnu. Finalement, les règles et les lois existent dans le même but. On ne peut pas prédire comment un inconnu peut réagir, quel danger il peut représenter. Au niveau d’un petit groupe d’individus qui se connaissent tous, c’est possible. Mais lorsque les hommes du néolithique se sont regroupés et sédentarisés dans des villes, il est devenu impossible de connaitre tous les habitants d’où l’apparition de code et de règles de vie commune. 

Les premieres concentrations urbaines ont précédé l’émergence des grandes religions.

La privation de liberté sape les fondements du désir de vivre.

Le fondement de la religion, c’est le sacrifice car il est la preuve de l’adhésion aux valeurs sacrées .

le fait d’être intégré dans un groupe qui partage des valeurs communes est un puissant calmant au cortège cingulaire, un puissant calmant au mal être , à la quête de sens, un calmant au désordre cérébral. Ça apaise l’individu en rendant plus lisible la communauté humaine, plus interprétable et en favorisant la coopération.

Les humains sont des coopérateurs conditionnels : ils sont prêts à coopérer, et même à coopérer beaucoup, mais à condition que les autres en fassent autant. Et si les autres ne le font pas, alors ils cessent de considérer qu’il est de leur devoir de coopérer. 

* L’entropie d’un système rend compte du degré de dispersion de l’énergie (thermique, chimique, etc.) au sein même du système. Et selon le deuxième principe de la thermodynamique, l’énergie d’un système isolé a tendance à se disperser le plus possible. Son entropie a donc, de même, tendance à augmenter.

Écrits vagabonds, Carlo Rovelli

Jeudi 4 novembre 2021

 La signification du temps :

Le temps s’écoule à des vitesses différentes suivant l’endroit où nous nous trouvons. C’est une question de référentiel. Dans le film interstellar, le héros voyage proche d’un trou noir à une vitesse extrêmement élevée. De retour sur Terre, sa fille est plus âgée que lui. Ce n’est pas une invention Hollywoodienne. Le monde fonctionne vraiment ainsi. La théorie de la relativité générale le prouve. Le consultant du film était Kip Thorne, prix nobel pour ses travaux sur les ondes gravitationnelles émises par la fusion des trous noirs. Si nous ne vivons pas au quotidien de semblables distorsions temporelles c’est qu’elles sont trop petites pour que nous puissions nous en rendre compte.

L’uniformité n’est pas la seule caractéristique du temps sur laquelle notre intuition nous induit en erreur.

Découvrir que la différence entre passe et futur ne figure pas dans les équations élémentaires qui gouvernent le monde hydrique a été une autre surprise. La notion de présent n’a pas de sens dans le grand univers…Seulement pour nous parce que nous percevons l’écoulement du temps tout comme nous percevons que le soleil tourne autour de la Terre.

L’augmentation de l’entropie oriente la direction du temps et permet l’existence de traces et de souvenirs. Ce sont ces derniers qui maintiennent notre sens d’identité et de continuité et qui nous donnent à nous créatures vivantes, le sens de l’écoulement du temps. C’est pourquoi le sens de l’écoulement du temps a plus de chance d’être compris en étudiant le fonctionnement de notre cerveau (les neurosciences) que la physique fondamentale. Pour nous humains, il y a un temps pour naitre et un temps pour mourir.

Le temps demeure le plus grand mystère qui soit. Une énigme liée aux questions que nous nous posons encore : le destin des trous noirs et du fonctionnement de notre conscience individuelle et subjective.

La physique aide à percer certaines strates de ce mystère mais pour en comprendre tous les aspects, un grand dialogue est nécessaire qui implique tout le spectre de notre culture: de la physique aux neuroscience, de la philosophie à la littérature.

Le temps est un mystère qui nous a toujours troublé suscitant des émotions profondes. Peut-être parce que comme l’enseigne Bouddha, notre difficulté a accepté l’impermanence, c’est à dire l’écoulement même du temps, est à l’origine de notre souffrance.

L’évolution a modelé notre cerveau jusqu’à en faire une machine qui se nourrit de souvenirs pour anticiper l’avenir.

Entre certitude et incertitude, il existe un précieux espace intermédiaire dans lequel se déroulent notre vie et notre pensée.

Cet espace intermédiaire ne serait-ce pas le présent ? Le passé, on peut l’ignorer mais c’est la certitude. ça s’est passé d’une certaine manière et pas autrement, pas le choix. Mais le futur reste encore incertain même si il y a de forte probabilité. 

Sciences, connaissances, métacognition et spiritualité.

Nous vivons dans un monde d’ignorance. Nous savons beaucoup de choses mais ce que nous ignorons est encore plus vaste.

Entendre aujourd’hui une personne cultivée se vanter de son ignorance scientifique ou mathématique est aussi triste que d’entendre un scientifique déclarer n’avoir jamais lu une poésie.  Mais de ceux-là, il n’y en a peu ! Car l’effort n’est pas le même…

Les idées ne tombent ps du ciel. Et oui toujours l’effort, encore l’effort. Et qu’est-ce qui motive cet effort, si ce n’est le désir de se rapprocher de la Vérité ou de donner plus de sens à sa vie.

Les idées naissent lorsqu’on retourne indéfiniment les problèmes ouverts, lorsqu’on essaie tous les chemins encore et encore.  Le idées neuves naissant d’une immersion profonde dans la connaissance présente. Einstein ne s’est pas levé un matin en pensant que rien n’allait plus vite que la lumière.

Le nouveau savoir naît du savoir du présent parce que ce dernier renferme des contradictions, des tensions irrésolues, des détails qui ne collent pas..

En science, toute observation est empreinte de préjugés théoriques. Il n’existe pas d’observation pure.

Chez certains gens, les croyances qui convergent conduisent à la vérité absolue.

Il y a plus de choses dans le ciel et sur la Terre que n’en rêve aujourd’hui notre philosophie. Hamlet à Horatio

Le Siracide, appelé aussi l’Ecclésiastique ou Le Livre de Ben Sira le Sage, est l’un des livres sapientiaux de l’Ancien Testament écrit vers 200 av. J. -C. Dans cet ouvrage biblique, on affirme que compter les grains de sables est une entreprise impossible. Pour la religion, le nombre de grains de sable est infini.

Archimède se rebelle contre cette forme de savoir qui affirme que certains mystères sont intrinsèquement inaccessible à la pensée humaine.

L’Arénaire  est un ouvrage d’Archimède dans lequel il tente de déterminer un majorant du nombre de grains de sable qui pourraient remplir l’univers. On peut lire l’Arénaire comme un cri d’orgueil de la raison qui reconnait sa propre ignorance mais qui n’est pas pour autant disposée à déléguer à un autre la source du savoir.

Astronomie

Le désert d’Atacama, au Chili, est un haut lieu d’observation astronomique.

L’auteur fait référence à la théorie héliocentrique de Aristarque qui anticipe Copernic de 15 siècles.

Roger Penrose. Parmi les principales contributions de Penrose à notre connaissance de l’univers se trouvent les théorèmes qui impliquent que l’univers que nous voyons soit né dans Big bang.

Energie

L’entropie est la dernière et la plus mystérieuse des cinq grandeurs physiques (température, pression, volume, énergie interne, entropie) définissant l’état d’un système thermodynamique, c’est-à-dire d’un ensemble matériel délimité capable d’échanger de la chaleur et du travail avec le milieu extérieur.

Philosophie.

Nagarjuna est un philosophe indien  bouddhiste. Sa pensée est centrée sur l’idée que rien n’a d’existence en soi. tout existe en fonction de quelque chose d’autre.

le caractère illusoire du monde, le samsara, est un thème général dû bouddhisme ; le reconnaître permet d’atteindre le nirvâna, la libération et la béatitude. Pour Nagajrjuna, samsara et nirvana sont la même chose : le vide. La non-existence.

De l’esprit à la matière, Dawson Church Ph.D

Dimanche 11 juillet 2021

 En inversant la formule de Bruner (2015), c’est le corps (donc la matière) qui donne forme à l’esprit et à la culture.

L’idée d’une cognition quantique au niveau neuronal »,

Mais attention, on est dans l’analogie, pas dans la physique : cela n’a rien à voir avec l’hypothèse d’un fonctionnement quantique de la conscience, ou d’une intrication quantique des neurones, des astrocytes ou autres micro-tubules… C’est une affaire de modélisation et de langage formel utilisé pour décrire un phénomène cognitif. On appelle ça la Cognition quantique, qui s’inscrit dans la théorie du “cerveau probabiliste” ou bayésien, très en vogue.

Des âmes et des saisons, Boris Cyrulnik

Dimanche 30 mai 2021

Un cerveau est toujours nouveau puisqu’il dépend des pressions naturelles et culturelles qui ne cessent de changer.

les mammifères ont besoin de la présence d’un autre pour réaliser leur programme génétique.

La structure du milieu facilite ou entrave le développement d’un cerveau sain.

Un cerveau, un esprit, est sculpté par son milieu.

En réparant le milieu,  on peut faire repartir la construction cérébrale .

Ce qui revient à dire que l’éducation change l’organisation des circuits cérébraux.

Les circuits neuronaux qui gèrent les émotions se construisent aussi par l’éducation.

les deux domaines du gène et de la culture, quoique de nature complètement différente, sont étroitement interdépendante.

Dans un contexte appauvri, le cerveau d’un bébé mal stimulé s’adapte à cette carence en dysfonctionnant (pour répondre au programme de survie qui lui est inné.)

Quand  la mere est morte et quand le milieu ne met pas en place un substitut affectif, le circuit limbique des émotions et de la mémoire de l’enfant, non stimulé, s’atrophie, provoquant ainsi des troubles du comportement.

Homo deus, une brève histoire du futur, Yuval, Noah Harari

Dimanche 26 janvier 2020

La plus grande découverte scientifique fut celle de l’ignorance.

“Nou ne sommes pas les acteurs d’un drame divin, personne ne se soucie de nous et

de nos faits et gestes, personne n’assigne donc de limites à notre pouvoir ; mais nous demeurons convaincus que nos vies ont du sens.”

“Tout au long de l’histoire, prophètes et philosophes ont soutenu que, si les humains cessaient de croire en un grand projet cosmique, c’en serait fini de  l’ordre public. Aujourd’hui, pourtant, ceux qui menacent le plus l’ordre mondial sont ceux qui continuent de croire en Dieu et à ses projets qu’ englobent tout. La Syrie, qui craint Dieu, est un pays bien plus violent que les Pays-Bas laïcs.”

“L’antidote à une existence vide de sens et de lois nous a été fourni par  l’humanisme, nouveau credo révolutionnaire qui a conquis le monde au cours des derniers siècles. La religion humaniste voue un culte à l’humanité, et attend que cette dernière joue le rôle dévolu à Dieu dans le christianisme et l’islam, ou celui que les lois de la nature ont tenu dans le bouddhisme et le taoïsme. Alors que, traditionnellement le grand plan cosmique “donnait un sens à la vie des hommes, l’humanisme renverse les rôles et attend des expériences humaines qu’elles donnent sens au cosmos. Selon l’humanisme, les humains doivent puiser dans leurs expériences intérieures le sens non seulement de leur vie, mais aussi de tout l’univers. ”

Art humaniste.

 “L’art est tout ce que les gens tiennent pour de l’art, et la beauté est dans l’œil du spectateur. » Si les gens trouvent qu’un urinoir est une belle œuvre d’art, soit. Quelle autorité supérieure peut dire aux gens qu’ils se trompent ?”

Éthique humaniste : si ça fait du bien, faites-le !

Éducation humaniste : pense par toi-même

“C’est ce que Nietzsche voulait dire quand il déclarait que Dieu est mort.”

“l’histoire est façonnée  par des petits groupes de visionnaires tournés vers l’avenir plutôt que par les masses tournées vers le passé. ”

“Comme   l’humanisme a de longue date sanctifié la vie, les émotions et les désirs des êtres humains, il n’est guère surprenant qu’une civilisation humaniste veuille maximiser la durée de vie, le bonheur et le pouvoir des êtres humains.”

“La Bible reste une source d’autorité, alors même qu’elle n’est plus une source d’inspiration. C’est pourquoi les religions traditionnelles n’offrent pas de réelle solution de rechange au libéralisme. Leurs Écritures n’ont rien à dire du génie génétique ou de l’intelligence artificielle, et la plupart des prêtres, rabbins et muftis ne comprennent rien aux toutes dernières percées de la biologie et de l’informatique.

“Les idées libérales triomphantes incitent maintenant l’humanité à atteindre l’immortalité, la félicité et la divinité”

Vers la pensée universelle…

“L’attribution du libre arbitre aux êtres humains n’est pas un jugement éthique : elle prétend être une description factuelle du monde”

“Les organismes sont des algorithmes. Chaque animal – y compris Homo   sapiens – est un assemblage d’algorithmes organiques façonnés   par la sélection naturelle au fil de millions d’années d’évolution.”

Les trois hypothèses de l’humanisme libéralisme.

“c’est  l’électeur qui sait et le client qui a toujours raison ; c’est aussi pour cela que la beauté est dans l’œil du spectateur.”

“Les sciences de la vie contestent cependant ces trois hypothèses. Selon elles :

   1. Les organismes sont des algorithmes, et les êtres humains ne sont pas des individus, mais des « dividus ». Autrement dit, ils sont  un assemblage de nombreux algorithmes ”.

2. “Les algorithmes constituant un être humain ne sont pas libres. Façonnés par les gènes et les pressions de l’environnement, ils ne prennent pas leurs décisions librement, mais de manière déterministe et aléatoire.”

“Il s’ensuit qu’un algorithme extérieur pourrait théoriquement me  connaître bien mieux que je ne puis me connaître moi-même. Un algorithme qui surveille chacun des systèmes qui forment mon corps et mon cerveau pourrait savoir exactement qui je suis, ce que je ressens et ce que je veux. Une fois au point, cet algorithme pourrait remplacer l’électeur,  le client et le spectateur. Dès lors, l’algorithme saura mieux que moi…

 “Chaque jour, j’absorbe d’innombrables bits de data à travers des emails, des coups de fil et des  articles ; je traite ces données et transmets de nouveaux bits via des emails, des coups de fil et des articles. Je ne sais pas vraiment où je me situe dans le tableau plus large, ni comment mes bits de données se connectent avec les bits produits par des milliards d’autres humains et ordinateurs. Je n’ai pas le temps de m’en as…

L’homme a un besoin vital d’appartenir à un système, à un groupe, de coopérer au sein de ce système, d’adhérer aux règles et aux idées de ce système, pour renforcer ses chances de survie. C’est à dire donner du sens à sa vie, avoir des envies, c’est inscrit dans son code génétique, dans programme de survie, implanté dans son striatum. 

“1. La science converge sur un dogme universel, suivant lequel les organismes vivants sont des algorithmes et la vie se réduit à des traitements de données.

“2. L’intelligence se découple de la conscience.

3. Des algorithmes non conscients, mais fort intelligents, pourraient bientôt nous connaître mieux que  nous-mêmes.”

Le bug humain, Sébastien Bolher

Dimanche 31 mars 2019

 Sébastien Bohler docteur en neuroscience et rédacteur en chef du magazine Cerveau et psycho apporte sur la grande question du devenir contemporain un éclairage nouveau, dérangeant et original. Pour lui, le premier coupable à incriminer n’est pas l’avidité des hommes ou leur supposée méchanceté mais bien, de manière plus banalement physiologique, la constitution même de notre cerveau lui-même.

Au cœur de notre cerveau, un petit organe appelé striatum régit depuis l’apparition de l’espèce nos comportements.  Il a habitué le cerveau humain à poursuivre 5 objectifs qui ont pour but la survie de l’espèce : manger, se reproduire, acquérir du pouvoir, étendre son territoire, s’imposer face à autrui.On peut voir un lien ici avec la pyramide de Maslow.

Le problème est que le striatum est aux commandes d’un cerveau touours plus performant (l’homme s‘est bien imposé comme le mammifère dominant de la planète) et  réclame toujours plus de récompenses pour son action. Tel un drogué, il ne peut discipliner sa tendance à l’excès. À aucun moment, il ne cherche à se limiter.
Hier notre cerveau était notre allié, il nous a fait triompher de la nature. Aujourd’hui il est en passe de devenir notre pire ennemi.

Cet organe le cerveau est constitué d’environ cent millairds de neurones et d’autant de cellules gliales qui les entourent, les nourissent et les protègent. Il produit la conscience. La conscience nait dans le cortex, siège de la raison et des fonctions exécutives, (l’esprit de planification, d’organisation, d’abstraction ) et même la mémoire.

Et tout ça est le résultat d’échanges électrochimiques . Et la conscience dans tout ça ? Comment se distingue-t-elle du raisonnement issu de ces processus mentaux, de notre mental ?

Un neurone se compose d’un corps d’aspect sphérique contenant notamment un noyau où siège l’information génétique sous forme d’ADN, et de deux types de filaments : des antennes postérieures, ramifiées et touffues, qui captent les informations nerveuses venant des autres neurones, et une antenne projetée vers l’avant qui ressemble plutôt à un câble immense, et qu’on appelle axone. C’est cet axone qui s’étend très loin vers d’autres régions cérébrales.

Grâce à leurs longs axones, les neurones de l’aire tegmentale se connectent à trois autres zones profondes du cerveau : le noyau accumbens, le noyau caudé et le putamen, qui forment ensemble le striatum

“Si nous voulions agir pour autre chose que la satisfaction de nos cinq grands renforceurs primaires, il faudrait inventer un moyen de museler l’activité de notre striatum au moyen des efforts conscients de notre volonté et de notre raison, logées dans notre cortex”

Si nous voulions agir pour autre chose que la satisfaction de nos cinq grands renforceurs primaires, il faudrait inventer un moyen de museler l’activité de notre striatum au moyen des efforts conscients de notre volonté et de notre raison, logées dans notre cortex. Certains s’y sont essayés. Bien des philosophes, de Socrate à Lucrèce ou Descartes, des religions et des courants spirituels, s’y sont efforcés, en prônant la tempérance, voire la contrition, parfois même la pénitence – sans effet

Le système cérébral qui nous permet de choisir entre une gratification immédiate et un acte différé est donc plastique ! Il n’est pas figé une fois pour toutes. Les connexions entre neurones sont le siège d’une intense activité qui marie les gènes, les protéines de structure et celles qui régulent le passage des ions chargés électriquement à travers les membranes des neurones, créant les courants électriques qui sont à la base de l’activité nerveuse.

Les connexions entre le cortex frontal et le striatum, si déterminantes pour permettre au futur de prendre l’ascendant sur le présent, sont alors très plastiques. Elles ont tendance à se renforcer si on les entraîne, et à s’étioler si on ne les sollicite pas assez.

Or, s’il existe probablement des différences de nature génétique entre les personnes capables de penser à l’avenir lointain et celles qui cèdent à l’attrait du « tout, tout de suite », ce sont avant tout des éléments liés à l’éducation et à l’environnement socio-culturel, qui s’avèrent déterminants. Le cortex frontal subit une longue maturation qui dure tout le temps de l’enfance et de l’adolescence

Chez un enfant de 6 ans, cette connexion, appelée faisceau frontostriatal, est encore immature ; elle ne se renforcera que si ses parents et éducateurs l’encouragent et l’aident à ne pas céder à ses penchants immédiats. 

L’apprentissage par conditionnement pour freiner le striatum.

La valorisation sociale, qui est un très puissant renforceur primaire dans l’espèce humaine.

Car ce que nous révèle ce conditionnement, c’est que nous pouvons apprendre à valoriser d’autres comportements que la recherche de nourriture, de sexe, de farniente ou de pouvoir. Ces renforceurs primaires sont actuellement les rois du monde parce que l’industrie parvient plus facilement à les exploiter et à les monnayer. Mais ce n’est pas la seule voie traçable. La générosité féminine n’est qu’un exemple, mais elle nous montre que le striatum peut apprendre à aimer bien d’autres choses, et que nos buts peuvent être redéfinis par un facteur déterminant qui est la norme sociale.

Un jour, peut-être, le nec plus ultra du snobisme sera d’être sobre et respectueux de l’environnement, et non de posséder un 4  ×  4 sur­équipé. Dans cette hypothèse, dès l’instant où le statut social sera associé aux comportements respectueux de la planète, la partie sera gagnée. Le striatum sera devenu le moteur de la préservation, et non de la destruction.

Conscience, réveille toi, on retombe sur l’idée de prendre conscience de l’instant présent.

Il existe des techniques éprouvées pour cela, qui sont globalement regroupées dans le courant des techniques de méditation de pleine conscience. La méditation de pleine conscience est une discipline du corps et de l’esprit, dépourvue de toute connotation religieuse dans sa version laïque (ou associée au bouddhisme dans ses versions traditionnelles), qui consiste à développer la maîtrise de son attention dans un premier temps, pour ensuite affiner sa capacité de prendre conscience de tout ce qui se passe autour de nous et en nous.

La plupart de nos actes sont entrepris avec un très faible niveau de conscience. Lorsque nous vaquons à des tâches ménagères, prenons le chemin du travail, faisons du vélo ou du footing, quand nous nous brossons les dents ou sommes à table, nous agissons le plus souvent de manière machinale. Même lorsque nous nous livrons à des activités intellectuelles, il serait faux d’affirmer que nous le faisons en toute conscience.

Nourrir son striatum avec des connaissances et plus particulièrement en développant nos connaissances sur notre propre fonctionnement cognitif, c’est peut être ce qui élèvera notre conscience pour adopter le comportement adapté à la survie de notre espèce et donc de répondre à l’objectif majeure de notre striatum. La boucle est bouclée.

Le pouvoir du moment présent, Eckhart Tolle

Jeudi 21 février 2019

Guide d’éveil spirituel

Nous sommes des drogués de la pensée parce que nous sommes identifiés à elle et que nous tirons notre sens du moi à partir du contenu et de l’activité mentale. Vous croyez que si vous vous arrêtez de pense, vous cesserez d’être.Qund vous grandissez, vous vous faites une image mentale de qui vous êtes en fonction de votre conditionnement familial et culturel. On pourrait appeler ce moi fantôme : l’égo. Il se résume à l’activité mentale et se perpétue que par l’incessante pensée. Le terme égo ici désigne le faux-moi créé par l’identification inconsciente au mental.

Cela signifie pour l’auteur que la conscience est indépendante de la pensée. Or la pensée émane de processus cellulaires qui assurent notre survie.

Le corps humain dans sa complexité est à l’origine de toutes les facultés humaines ; il doit être considéré dans son ensemble comme une unité fonctionnelle orientée vers la survie individuelle et la perpétuation du groupe social et de l’espèce. Le cerveau est une partie du système de contrôle et de coordination qui assure la survie. Toutes la parties du corps, toutes ses sécrétions depuis le niveau de la cellule et de la bactérie contribuent aux différentes fonctions ; cependant, le cerveau tient une place importante dans le comportement, les conduites, le vécu subjectif. Actuellement, son rôle est souvent considéré indépendamment de ses corrélahtions avec le reste du corps ; la spécialisation des professions médicales en a fait un domaine à part ; l’homéostasie fait appel à tout le corps humain et l’on ne peut pas comprendre l’esprit humain sans une approche holistique - au moins dans une certaine mesure.

Le miracle Spinoza, Fredric Lenoir

Dimanche 7 octobre 2018

Il a été souvent demandé à Einstein s’il croyait en Dieu.

il répondait : ” je crois au dieu de Spinoza qui se révèle  dans l’harmonie de tout ce qui existe mais non en un dieu qui se préoccuperait du destin et des actes des humains.

Nos actes et l’orientation profonde que nous donnons à notre Vie ne sont pas les mêmes selon la compréhension que nous avons de notre lien au monde et à l’absolu. Ainsi, l’itinéraire de la sagesse ne sera donc pas une ascension vers le ciel ou l’au delà  indicible mais un approfondissement de l’existence elle-même, dans notre monde unique, la Nature.

la joie la plus pure vient quand nous avons appris à accorder notre nature avec la Nature, à nous mettre au diapason - grâce à la raison - de la symphonie cosmique.

La meilleure organisation publique est celle qui laisse à chacun la liberté de croire, de penser et de s’exprimer.

la religiosité de Spinoza est une spiritualité toute personnelle qui se construit par les seules forces de la raison.

Chaque individu fait ce qui lui semble bon pour lui. Vivant selon la loi naturelle qui vise l’augmentation de la puissance et la poursuite de ses désirs, il agit d’abord en fonction de son intérêt propre et ne se soucie pas du bien d’autrui.

A l’état de nature, il y a ni bien ni mal, ni juste ni injuste, les hommes cherchant à conserver ce qu’ils aiment et à détruire ce qu’ils haïssent . Si les hommes vivaient sous la meilleure partie d’eux mêmes, la raison, ils ne causeraient jamais de tort à autrui. Mais comme ils vivent davantage sous l’emprise de leurs passions, (les émotions, l’envie, la jalousie, le besoin de dominer, etc.) les êtres humains s’entredéchirent. Ils perçoivent donc la nécessité de s’entendre, non seulement pour éviter de se nuire mutuellement  mais aussi pour s’entre aider  dans un monde où rôdent toutes sortes de danger.

La recherche de la sécurité et de la meilleure existence possible conduit les hommes à décider de vivre en société et d’édicter des règles de vie.

On peut rapprocher ces propos du concept de processe de survie (process électrochimique) qui anime notre cerveau pour agir sur notre comportement.